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dimanche 29 janvier 2017

Victoria’s Secret se mobilise pour la protection des forêts



Victoria’s Secret fait un pas vers un mode de production durable. La marque de lingerie haut de gamme, propriété du groupe L Brands a annoncé ouvertement son engagement contre la destruction des forêts.

Victoria’s Secret supprime certains de ses tissus pour lutter contre la déforestation

La lutte pour la protection des forêts devient un des enjeux de Victoria’s Secret. La marque de lingerie américaine a décidé de ne plus produire de tissus dont la fabrication nuirait aux forêts.

Pour ce faire, Victoria’s Secret a mis en place un système de contrôle de sa chaîne d’approvisionnement. Ce dispositif vise à éliminer la pulpe de bois dans les tissus, incluant le modal, la rayonne et la viscose.

Une politique de lutte contre la déforestation et de défense des droits de l’Homme cultivée par le groupe L Brands. « Notre politique d’approvisionnement en produits forestiers a été conçue pour réduire le risque pour les forêts en danger, en évitant les produits qui contribuent à la déforestation ou à la violation des droits de l’Homme », ont déclaré les dirigeants de l’entité dans un communiqué.

Les marques de luxe s’engagent pour la protection de l’environnement

Plus les années passent et plus les Maisons de luxe prennent des initiatives pour préserver l’environnement. Les actions les plus emblématiques restent celles engagées par Kering.

Le groupe met en effet un point d’honneur à développer des dispositifs pour protéger la planète. Sa dernière action en date reste la mise en place d’une application mobile permettant d’évaluer les impacts des modes de production sur l’environnement.

De son côté, son concurrent direct LVMH met lui aussi en place des projets pour s’inscrire dans une logique de production durable. Le fonds de carbone interne du groupe oblige ses marques à verser une somme relative à la quantité de CO2 émise dans l’exercice de leurs activités. Un dispositif bien intégré par les nombreuses Maisons de LVMH que Bernard Arnault a récemment récompensé dans ce cadre.










samedi 14 janvier 2017

Elle crée une forêt comestible

Vienne - Châtellerault, Lésigny, La Roche-Posay - Environnement
Anne Étourneau croit beaucoup dans son concept de « forêt comestible » à La Roche-Posay.

A La Roche-Posay, une habitante de Lésigny vient de créer une forêt nourricière écolo. Une forêt où tout est écolo et comestible. Quèsaco ?

Forêt comestible, Agroforêt, forêt nourricière ou encore jardin-forêt. Quatre mots différents pour désigner la même chose : une forêt bio et comestible. C'est ce que vient de créer une habitante de Lésigny, Anne Étourneau, 56 ans, sur une parcelle de la commune voisine, La Roche-Posay.

Dans ce jardin de 1,7 ha en cours d'aménagement, situé au lieu-dit Fontsémont et ouvert depuis octobre dernier, cette ancienne secrétaire de direction en région parisienne, qui s'est ensuite occupée d'un salon de toilettage canin dans le Loir-et-Cher, a implanté à ce jour 200 variétés d'arbres et de plantes fruitières : poiriers, goyaviers, framboisiers, fraisiers, cerisiers, kakis, châtaignier…

" Biodiversité et plantes fruitières "

L'objectif de cette forêt nourricière baptisée « Domaine des chevaliers de l'Astrée » est de produire des fruits sains, avec le moins de travail possible toute en respectant la nature. Une sorte d'agrosystème imitant la forêt naturelle pour une production de nourriture écologique. Un modèle d'utilisation du sol remis au goût du jour grâce à la permaculture.
« L'idée de départ, c'est de faire un refuge pour les insectes butineurs en créant de la biodiversité à la campagne. Nous avons fait appel à un paysagiste spécialisé dans la forêt comestible. On a pris le modèle d'une forêt pour qu'elle soit autosuffisante, qu'elle n'ait pas besoin d'eau sauf celle de la pluie et qu'elle résiste aux maladies. »
Anne Étourneau, l'accent britannique, a l'esprit écolo mais aussi communautaire. « On peut faire l'acquisition d'une plante qui pousse dans cette forêt comestible. C'est ce que je propose. En contrepartie, le client alors propriétaire bénéficie d'un quart de la production de la plante et les trois-quarts restent à la disposition de l'ensemble de la communauté de la forêt comestible. »
Reste que les prix d'achat varient… « entre 42 et 600 € » ! « L'argent servira à aménager la prairie, à nettoyer la marre, à faire l'acquisition d'un autre terrain…, bref, à concevoir une vraie forêt comestible qui puisse vivre sans nous. »
A ce jour, la créatrice de ce jardin comestible revendique six adhérents. « Maintenant, l'idée est là et tout est à créer. Reste à celui qui le veut de nous suivre et de faire vivre cette forêt nourricière. » Dans la forêt d'Anne Étourneau, tout est comestible.

Depuis un an, Anne Étourneau s'est aussi lancé, via une société qu'elle a créée, PamAgora (et un site internet), dans la vente de « kits nature » de plantation pour faire pousser son houblon (bière) et ses tisanes chez soi.

samedi 7 janvier 2017

Le programme de CDC Biodiversité lance son premier chantier de restauration écologique



La réhabilitation d'une forêt cévenole à Saint-Jean-du-Gard (Gard) avec le collectif "Construisons ensemble la forêt de demain" sera le premier projet soutenu par le programme Nature 2050. Lancé en octobre 2016 par CDC Biodiversité, ce programme vise à restaurer des écosystèmes et à les adapter aux changements climatiques. Les actions sont basées sur des solutions naturelles car la résilience des écosystèmes est la meilleure façon de résister aux changements climatiques. Quatre types d'espaces sont particulièrement visés : les espaces forestiers et agricoles, les zones humides, les trames vertes et bleues, et la biodiversité urbaine.

Dans le Gard, le Collectif "Construisons ensemble la forêt de demain" propose un projet de reboisement de 24 hectares pour améliorer les connaissances sur l'adaptation du massif forestier cévenol et le développement de nouvelles méthodes de gestion des sols. La châtaigneraie cévenole, qui s'étend sur plus de 30.000 ha, est en grande partie dans un état de dépérissement très inquiétant. Ce territoire est devenu en partie très vulnérable à l'incendie à cause de l'embroussaillement et de la colonisation anarchique des pins maritimes. Le programme doit permettre de reboiser avec des essences autochtones mais aussi introduites pour favoriser la biodiversité (mellifères, médicinales, feuillus précieux et nourriciers ainsi que des essences mychorisées) et développer d'autres ressources afin de redynamiser le territoire.

Son budget de 300.000 euros sera financé par CDC biodiversité qui tire ces fonds des apports des entreprises, privées ou publiques, qui souhaitent "volontairement et concrètement agir pour les territoires où elles sont implantées et où vivent leurs clients et partenaires", explique CDC Biodiversité. Les contributeurs financent tous les projets, ce qui devrait permettre d'éviter les opérations de greenwashing. Dix-huit entreprises ou associations professionnelles, telles que AccorHotels, Transdev ou la Banque Postale Asset Management, se sont d'ores et déjà engagées dans le programme Nature 2050.

vendredi 6 janvier 2017

L’homme qui cuisine la forêt



Stefan Wiesner fait de la gastronomie avec de la pierre, de la terre, de la cendre, du bois. Et des fourmis. Surnommé le «sorcier d’Entlebuch», ce chef récompensé de 17 points au Gault et Millau enseignera bientôt sa méthode culinaire dans une nouvelle école de chefs

Stefan Wiesner tend la main. Une fourmi dodue se débat entre son pouce et son index. «Je n’utilise pas les insectes, seulement l’acide formique» explique-t-il. Pour récolter cette précieuse substance, il effleure le sommet d’une fourmilière avec un chiffon. Les bêtes à six pattes s’affolent, sécrètent un liquide d’une «magnifique acidité», comparable au citron, qui servira à parfumer une sauce ou un dessert.

Le chef range soigneusement le bout de tissu imbibé et poursuit son chemin dans la forêt, son chien Lévi, un truffier, sur les talons. C’est là, dans cette région de sapins et de marécages protégée par l’Unesco, que le cuisinier lucernois puise les ingrédients de sa cuisine, qui attire des gourmets loin à la ronde dans l’Entlebuch lucernois.

Dénicheur des sous-bois
De son enfance, Stefan Wiesner a gardé le regard espiègle, la curiosité et l’envie d’explorer le monde avec ses sens. Qui, petit, n’a jamais porté de la terre, une feuille d’arbre ou pour les plus intrépides une limace à la bouche? De cette quête initiatrice de sensations, le chef a fait un art. Dans les sous-bois qu’il arpente sans relâche, il ne trouve pas seulement des herbes et des baies. Il déniche une variété infinie de mousses et de lichen. Des épines de sapin qui lui serviront à fumer une viande. Des pierres qu’il laissera infuser dans une soupe. Les arbres n’ont plus de secret pour lui, il se sert des essences de mélèze pour parfumer des plats, transforme la sève de bouleau en sauce raffinée, ou mêle la cendre d’écorce brûlée à de la farine pour fabriquer du pain. Bois, tourbe, foin, fougères: tout ce qu’offre la forêt trouve sa place dans le laboratoire du chef lucernois.

Stefan Wiesner qualifie lui-même sa démarche d’«archaïque». Elle prend parfois des traits mystiques. Comme lorsqu’il décide d’imprégner du sel avec une symphonie de Mozart, en posant une assiette remplie de cristaux sur une enceinte hi-fi allumée. Ou quand, au moment où tombent de gros flocons de neige, le chef fait un feu dehors et recueille les cristaux fondus, passés au travers de l’écran de fumée. De ce liquide, il tire un bouillon agrémenté d’os et d’herbes. A ses yeux, le geste compte au moins autant que les ingrédients qu’il manipule: «Le sel n’aura pas un goût différent, dit-il. Mais ma cuisine, elle, sera meilleure.»

Il s’arrête au milieu d’une clairière, observe les arbres en silence, sort de sa sacoche une petite enceinte qu’il enclenche. Des sons sourds, réguliers, comme les coups de becs d’un pic-vert, retentissent entre les sapins. Ils ont été enregistrés par des scientifiques de l’EPFZ, qui sont parvenus à capturer les bruits des troncs à l’aide d’un stéthoscope. «C’est la musique des arbres», glisse Stefan Wiesner. Il aime penser que la forêt abrite des forces invisibles, que certains appellent elfes.

Tendance nordique
Dans cette région de Suisse centrale plus habituée aux bistrots de campagne qu’aux laboratoires gastronomiques, ses excentricités ne manquent pas de susciter quelques railleries. On le traite de «cinglé». Lui continue à pousser les limites du goût et du comestible. Il cuisine avec de la tourbe fraîche, du foin, ou sert de glace infusée aux clous rouillés. L’obstination porte ses fruits. La télévision alémanique consacre un documentaire au «sorcier d’Entlebuch», qui reprendra ce surnom à son compte, non sans une pointe de fierté. Depuis, son restaurant, le Rössli (petit cheval en suisse allemand), à Escholzmatt, 17 points au Gault et Millaut et une étoile Michelin, s’est fait un nom bien au-delà de ce petit coin de pays.

Le Lucernois est aujourd’hui une star de la cuisine expérimentale, dont la démarche radicale et bizarre rappelle celle d’autres chefs célébrés à l’étranger. Comme l’Italien Massimo Bottura, intronisé cette année meilleur cuisinier du monde, qui se plaît à servir des couches de chocolat et d’épices mélangées à du foie gras et du sang de lièvre pour évoquer la course de l’animal dans les sous-bois.

Stefan Wiesner voit aussi sa cuisine se populariser à mesure que monte en puissance la tendance nordique, incarnée par le chef du restaurant Noma à Copenhague, René Redzepi, qui affole les cercles de gourmets branchés. Ce qui est depuis longtemps une évidence pour Stefan Wiesner – se servir de produits locaux et de saison et puiser son inspiration dans la forêt – est devenu tendance. Le chef lucernois fascine outre-sarine, jusqu’en Allemagne et en Autriche.

Peu connu des Romands
Car l’approche de Stefan Wiesner entre en résonance avec un mouvement qui prône le respect du cycle des saisons et la consommation de produits à la fois locaux, bruts et inventifs. Le responsable de la société suisse des cuisiniers, Andreas Fleischlin, voit en lui un représentant de l’«avant-garde» gastronomique helvétique. «La cuisine de Stefan Wiesner est extrêmement complexe, car elle puise dans de multiples influences. Il peut passer plusieurs semaines à réfléchir à un seul met», observe-t-il.

«La cuisine est la langue internationale numéro un», aime dire Stefan Wiesner. Pourtant à deux heures d’Escholzmatt, en Suisse romande, où la gastronomie sylvestre ne connaît pas le même retentissement, son nom reste encore aujourd’hui inconnu du grand public.

Il ne désespère pas: «Je reçois peu de visiteurs romands, mais certains sont devenus mes meilleurs clients. Vous avez l’avantage d’aimer bien manger. En Suisse alémanique, on s’achète d’abord une nouvelle télévision et après, on va au restaurant», glisse Stefan Wiesner. Il a conscience que sa méthode peut heurter les palais sensibles, mais assure connaître les limites à ne pas franchir pour «ne pas vider mon restaurant».

Röstis et saucisses, quand même
Habile communiquant, Stefan Wiesner soigne le storytelling. Il propose à ses hôtes de l’accompagner dans ses pérégrinations forestières et aime agrémenter ses recettes d’une pointe d’humour. Comme lorsqu’il décide de concocter un menu sur le thème de sa voiture, une vieille fourgonnette Citroën HY, nommant ses plats «clé à molette», «gaz d’échappement», «rétroviseur» ou «accident». Mais le chef qui a repris l’établissement des mains de ses parents en 1989, à l’âge de 27 ans, perpétue aussi, comme pour garder les pieds sur terre, la tradition du bistrot de village. A côté de la salle gastronomique, le Rössli continue à servir röstis et saucisses à des prix plus modestes.

Formé à la cuisine classique durant son apprentissage au château Gütsch, à Lucerne, Stefan Wiesner a voulu s’éloigner des livres pour traduire son écosystème sous forme de mets. Aux côtés d’autres chefs – comme Tanja Grandits, du restaurant Stucki à Bâle, ou Nenad Mlinarevic, du Park Hotel Vitznau, cuisinier de l’année 2016 – Stefan Wiesner transmettra bientôt ses connaissances à de futures générations de cuisiniers, au sein d’une nouvelle haute école qui doit voir le jour d’ici à deux ans.

Ecole de gastronomie
Ce projet, porté par Stefan Wiesner et une quarantaine d’autres professionnels de la branche, a reçu l’aval des principales organisations professionnelles de l’Hôtellerie, dont la Société suisse des cuisiniers, Hôtel Gastro Union. La nouvelle école de cuisine prendra ses quartiers dans un ancien hôtel, qui faisait office de lieu de villégiature des sœurs catholiques d’Ingenbohl, à Heiligkreuz, dans l’Entlebuch.

Ce lieu de pèlerinage idyllique, perché à 1130 mètres, a été abandonné par les sœurs. C’est un bâtiment de cinq étages qui comprend 55 chambres, des salles de réunion, une piscine et une chapelle. En 2019, 25 chefs devraient faire leurs premiers pas dans cette académie.

L’idée est de ne plus envoyer les jeunes talents faire la tournée des grandes cuisines afin qu’ils gagnent leurs galons, mais de leur permettre de perfectionner leur art dans une école. Le but est de porter sur le marché des professionnels qui auront développé leur propre griffe, selon Andreas Fleischlin. L’école est destinée à des élèves «passionnés» ayant achevé un apprentissage.

A terme, l’académie vise à accroître la renommée internationale de la cuisine helvétique. Avec pour démarrer, sous l’influence du «sorcier» Wiesner, un puissant goût de forêt.